Laurent Petit ouvre un nouveau chapitre de sa vie
Laurent petit aime semer son chemin d’étapes. La troisième étoile n’était pas pour lui l’ultime aboutissement. Déjà il songeait à transmettre. Un exemple pour la profession, mais aussi un espoir pour tous ceux qui aimeraient un jour reprendre l’établissement qui les emploie.
Ils sont nombreux ceux qui aimeraient racheter un fond, des murs à leur employeur. La plupart abandonnent l’idée. « Comment financer un tel projet. Je n’aurais jamais les fonds. Les banques ne me prêteront pas ». C’est pourtant un rêve devenu réalité, pour Thomas Lorival, Responsable de Salle, 33 ans et Franck Derouet, chef exécutif, 52 ans. Une réalité rendue possible par la volonté et la philosophie généreuse, d’un chef visionnaire – Laurent Petit – et de son épouse Martine. « Une relation rendue possible parce que sincère, amicale et transparente pour nous quatre, ajoutent les heureux (nouveaux) propriétaires ».
3 ans de réflexion
« Laurent et Martine m’avaient prévenu : la Troisième Etoile décrochée, on enclenche la transmission » explique Yves Bontoux, leur consultant. « Ils ont toujours eu à cœur la continuité de la maison ». Une simple vente mercantile ne convenait pas à leur philosophie. Il fallait que Le Clos des Sens, leur bébé, soit remis entre de bonnes mains, à des acheteurs partageant totalement leur philosophie, leurs convictions. Mais à qui transmettre ? la solution la plus pertinente, celle qui avait du sens se trouvait parmi ceux qui ont toujours été présents, ceux qui se sont battus à leurs côtés. « Peu de chef et leur épouse, ont cette intelligence » expliquent Thomas Lorival et Franck Derouet. Nous avons grandi avec eux. Nous nous sommes épanouis au Clos des Sens ». Alors impossible de laisser la maison entre des mains inconnues. « Nous avons mené une réflexion ensemble pour démontrer que nous avions les clefs de la réussite ». Depuis 3 ans, Laurent et Martine Petit leur ont confié les manettes de toutes les décisions stratégiques. Tout a été décidé ensemble : Recrutement, investissements, management, gestion et même cuisine… « Pour être terre à terre, aucune banque ne pouvait nous refuser notre prêt ». En effet, leur prévisionnel tenait la route. Deux bilans (dont un impacté covid) montraient que l’entreprise était rentable. « Nous visons le maintien de la troisième étoile et le rachat des murs. Les Petit ont trouvé une solution financière équitable. Ils ont fait ce qui était juste, allant jusqu’à continuer les investissements ces trois dernières années. Cette transmission est porteuse d’espoir pour la profession ». Le métier est vécu comme un ascenseur social. Entrés par la petite porte, grâce à la générosité et l’intelligence de Laurent et Martine Petit, ils rachètent leur outil de travail.
Retourner au combat
Quant à Laurent et Martine Petit, ils fourmillent d’idées. « Je voulais fermer proprement ce chapitre de ma vie pour passer au suivant ». Oui, le chef a des projets. Originaire de Buissière en Haute Marne, il a retrouvé ses racines et un monde rural authentique. « J’ai pu racheter la maison de mon enfance et la grange attenante. Ce département est ignoré, alors qu’il a un parc national des forêts et la Saône poissonneuse. Ce qui me fait le plus peur, c’est de ne plus côtoyer des jeunes alors que la moyenne d’âge au Clos des Sens est de 25 ans. Leur force vive, leur créativité va me manquer ». Sous l’œil bienveillant de Martine, Laurent Petit lâche « Je ne m’interdis pas de retourner au combat des étoiles pour servir mon village. Si je rencontre des jeunes motivés, je serai leur chef d’orchestre, leur premier de cordée. Il faut au moins atteindre la deuxième étoile pour avoir un éclairage médiatique. J’ai reçu un accueil incroyable des habitants, et ça me conforte à exposer le potentiel inouï de la région ». Laurent Petit a même rencontré deux pécheurs professionnels, un parallèle tout trouvé avec le Lac d’Annecy. A 59 ans, une énergie à revendre, des projets plein la tête, Laurent Petit n’a pas dit son dernier mot.