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Château Brachet… À la folie !

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Entièrement conquis par l’âme du Château Brachet

Ouvert il y a seulement quelques mois, aux portes d’Aix-les-Bains, sur la commune de Grésy-sur-Aix, sur le papier Château Brachet se définit comme un boutique-hôtel de 15 chambres et suites de charme avec parc paysager, espace bien-être, table gastronomique, piscine extérieure et jeux de plein air (Padel, tennis, croquet, et un dispositif « Executive Golf » sur 1 hectare…). La promesse est séduisante et, après avoir vécu l’expérience, nous pouvons vous le confirmer, Château Brachet c’est bien tout cela et bien plus encore !

Château Brachet
La salle de restaurant et sa charpente en « coque de bateau ».

Château Brachet

Une demeure historique hors du temps
Nichée entre les 2 lacs du Bourget et d’Annecy, au pied du parc régional du massif des Bauges et des stations alpines, la bâtisse est connue comme l’ancienne demeure du docteur Léon Brachet, ambassadeur du thermalisme Aixois auprès de l’aristocratie européenne et figure incontournable de la haute société Savoyarde du XIXe siècle. Les aristocrates, têtes couronnées, artistes et intellectuels, de l’impératrice d’Autriche « Sissi » à Sarah Bernhardt en passant par le roi Georges Ier et les frères Coquelin, tous se pressent à l’époque pour participer aux « saisons » thermales d’Aix-les-Bains. En 1890, la reine Victoria elle-même, lors de son troisième séjour, vient prendre le thé au château – qualifié de « petite maison ancienne et pittoresque » – en compagnie de la grande-tante de Virginia Woolf, Lady Virginia Somers, alors locataire des lieux. Reçue par cette même lady, Mary, la femme du peintre Victorien George Frederic Watts célèbre elle aussi la « charmante maison de Grésy (…) et son jardin aux mille roses ».

La réussite de Château Brachet est d’être parvenu, sous la houlette de son propriétaire Jean-Michel Belin, à rénover dans les règles de l’art l’ensemble du domaine tout en conservant l’âme du lieu et la « présence » des personnalités historiques de haut vol qui y ont partagé de succulents instants et soirées festives. Cette dimension historique se décline dans chaque pièce de l’hôtel, dans les 15 chambres et suites comme dans le magnifique « bar de courtoisie » du premier étage, où on se délecte en toute liberté d’un cocktail ou d’un digestif, confortablement installé dans un canapé Chesterfield, face à la cheminée et aux bibliothèques garnies de livres précieux d’époque.

Château Brachet
Mise en bouche et omble et son crémeux d’écrevisses, Tétragone, amandes fraîches et Reine-des-Prés.

La table , déjà incontournable, de Château Brachet
En pénétrant dans la salle de restaurant et avant de prendre place autour des tables en granit, réalisées à partir de pierres d’Égypte ayant nécessité la réouverture exceptionnelle d’une ancienne carrière, la sculpturale charpente en « coque de bateau » attire le regard et plante le décor. Les matériaux, finitions, détails, textures et textiles qui nous entourent assoient la beauté du lieu et renforcent la dimension historique de l’adresse. Des panneaux de chêne blond, une fresque décorative, de confortables banquettes, des fauteuils bergère et un magistral lustre en ferronnerie, comme surmonté de bougies, habitent les lieux.

Viennent les plaisirs de la table avec la découverte de la cuisine du chef Nicolas Roux, jeune chef prometteur formé à Paris, Londres et Lyon, notamment auprès des toques étoilées Pierre Gagnaire et Mathieu Viannay. Portés par la belle atmosphère, nous optons pour le menu en 6 services et donnons carte blanche au chef. Quelle bonne idée ! Après une série de savoureuses mises en bouche, c’est une truite Fario au lierre terrestre , boulgour sarrasin, oseille et oxalis sauvage qui ouvre le bal et emballe nos papilles d’entrée. À son tour, l’omble et son crémeux d’écrevisses, Tétragone, amandes fraîches et Reine-des-Prés et ses subtiles notes citronnées affûte notre appétit. Vient le poisson de mer avec la daurade rôtie sur l’os (pour encore plus de goût), Poireaux Mibrasa, huître Utah beach spéciale N°3, diots fumés de la maison Belang, sauce Muscat petit grain. Quelle maîtrise ! Justesses de cuissons et des assaisonnements sont au rendez-vous, sans oublier la petite fleur de bourrache qui, comme une petite virgule, vient rythmer le côté iodé du plat avec son goût d’huître.

Château Brachet
Daurade rôtie sur l’os, Poireaux Mibrasa, huître Utah beach spéciale N°3, diots fumés de la maison Belang, sauce Muscat petit grain et pièce de cerf d’été marinée à l’huile d’épicéa, caviar d’aubergines et brunoise aigre douce et son jus au poivre long.

Entre les plats, nous échangeons avec le personnel de salle, d’une attention et d’un professionnalisme exemplaires. Mais trêve de bavardages, reprenons nos couverts « en argent » en main car la pièce de cerf d’été marinée à l’huile d’épicéa, caviar d’aubergines et brunoise aigre douce et son jus au poivre long ne se fait point attendre. Gourmande à souhait, nous nous délectons du moindre morceau sans oublier d’ajouter encore et encore le supplément de jus corsé laissé en saucière sur la table au cas où !

On peut le dire, c’est un sans faute. Depuis le début du dîner, chaque plat a su nous tenir en haleine et nous embarquer toujours un peu plus loin, un peu plus haut. Ce sera de nouveau le cas avec le fromage qui est proposé ici « travaillé » par le chef sur une base de chèvre de Savoie associé à la figue fraîche et confite. Très intelligent car la délicate pointe sucrée véhiculée par la figue fait le trait d’union avec l’assiette finale, celle du dessert. Comme on le dit toujours, le dessert est crucial ! Il est la dernière impression avant de quitter le restaurant. Interdit de se « louper ». Rassurez-vous, aucune sortie de route. Le Baba cacao au sirop de Cognac Namelaka Manjari, grué de cacao sablé et glace cigare (du chef pâtissier Francesco Catanzaro) qui nous est présenté emporte tous les suffrages et vient signer une fin de repas remarquable. Retenez bien ces deux noms, Nicolas Roux et Francesco Catanzaro. Ces deux là sont partis pour faire parler d’eux et amplifier la réputation de la destination Savoie comme haute terre de gastronomie.

Château Brachet
Baba cacao au sirop de Cognac Namelaka Manjari, grué de cacao sablé et glace cigare.

 

Texte : Rédaction du magazine Exquis

© Crédits photos : DR

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